Mesdames et Messieurs ;
Je me nomme Ladifatou Ouédraogo épouse Kaboré.
Je suis sage-femme. Je suis très tôt tombée amoureuse de ce métier.
Quand j’étais toute petite, je me rendais dans le centre de santé où ma tante travaillait à Ouahigouya. Je l’observais prodiguer des soins aux femmes enceintes. Quand une femme devait donner naissance à son enfant, elle me demandait de rester dehors loin de la salle d’accouchement. Je me positionnais dans un coin de la cour du centre de santé de sorte à pouvoir observer ses mouvements et deviner ainsi ce qu’elle faisait.
Je la regardais aller et revenir entre la salle d’accouchement et les autres services, j’entendais des cris de la future maman. Puis après un silence qui paraissait interminable pour moi mais aussi pour la famille de la patiente, j’entendais enfin les pleurs du nouveau-né. Les femmes qui attendaient dehors éclataient de joie et se hâtaient vers la porte de la salle d’accouchement curieuses de voir le nouveau-né. Quelques instants après, ma tante sortait enfin et annonçait la bonne nouvelle. « Vous avez une fille » ou « vous avez eu un garçon ».
Ces images et ces sons m’ont accompagné tout au long de mon enfance. Longtemps après quand je suis arrivée au lycée, quand ce fut le moment de choisir mon futur métier j’ai demandé à mon père de m’inscrire à l’école de formation des sages femmes. J’ai appris après que ma tante n’était pas une sage-femme mais plutôt une « matrone ». Peu importe, elle a su m’inspirer. Elle m’a montré ma voie.
J’ai débuté ma carrière en milieu rurale burkinabè. Pendant une dizaine d’années et avec une fierté égale à celle que l’on a quand on se sent assigner d’une mission, je fis le même travail que ma tante. J’ai aidé plusieurs dizaines de femmes à donner la vie.
Mais hélas, tout ne fut pas rose. En effet un grand nombre de ces femmes enceintes n’avaient pas les moyens financiers de se prendre en charge. Parfois ce sont les informations justes et nécessaires pour prévenir des pathologies évitables mais meurtrières telle qu’une anémie sévère, un paludisme ou une éclampsie qui finissaient par réduire à néant leur espoir de donner la vie.
Une fois affectée à Ouagadougou, j’ai pensé naïvement que les conditions des femmes de la capitale étaient meilleures à celles du milieu rural. Hélas je me suis vite aperçu que les femmes des quartiers périphériques de Ouaga étaient confrontées aux mêmes fléaux que celles des villages burkinabè.
A Ouagadougou comme dans les villages, des femmes meurent en voulant donner naissance. Excédée par cette situation qui remet en cause la dignité humaine, j’ai décidé de me joindre à des connaissances pour créer une association afin d’apporter ma modeste contribution à ces milliers de femmes et de familles.
L’association KAJY une structure communautaire laïque, apolitique, non syndical et à but non lucratif.
Elle s’est fixée pour objectif de “bâtir aux côtés des gouvernements de la région ouest africaine, des services de santé de proximité et de qualité“. Il s’agit d’une noble ambition qui est en parfaite conformité avec notre vision.
En effet nous croyons fermement que si les populations du Burkina Faso et de la sous-région ont des informations de haute qualité sur leur santé et sur les maladies et que les services de santé leur sont offerts partout où elles vivent et/ou travaillent et à un coût abordable, leur espérance de vie s’accroitra inéluctablement.
Mesdames et Messieurs ;
La “proximité“, la “qualité“ et le “coût abordable » des services de santé sont trois notions fondamentales de la couverture sanitaire universelle (CSU). Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la couverture sanitaire universelle signifie que chaque individu peut avoir recours aux services de santé dont il a besoin, où et quand il en a besoin, sans être exposé à des difficultés financières.
Au sein de l’association KAJY nous nous évertuons à livrer les trois (3) résultats principaux suivants :
(1) les populations du Burkina Faso ont accès à des services de santé curatifs, préventifs et promotionnels de proximité et de qualité ;
(2) le transport, l’hébergement des malades et le système de référence et contre référence urbains se sont améliorés ;
(3) et la santé communautaire urbaine s’est développée.
Notre raison d’être est de sauver des vies et de soulager les souffrances des populations les plus vulnérables sans aucune discrimination identitaire, religieuse ou politique.
Pour la mise en œuvre de ses activités au Burkina Faso, l’association est signataire d’une convention de collaboration avec le ministère de la santé et de l’hygiène publique. Son plan de travail triennal intitulé “KAJY 2025“ prévoit le renforcement du système de référence et de contre référence des formations sanitaires de la région du Centre. Aussi dans le cadre de la mise en œuvre de ce plan de travail, l’association a réalisé en 2022 une recherche action qui lui a permis de déterminer les gaps inhérents au système de transfert des malades et à l’accès aux soins. Fort des recommandations de cette étude, KAJY a ouvert dès le mois de juin 2023, un Centre médical de proximité et intégré doté d’une maternité, d’un service spécialisé dans la prise en charge médicale des survivantes des violences basées sur le genre et d’un service de médecine générale.
Mesdames et Messieurs ;
Nous sommes conscients que la lutte contre la maladie et la mortalité nécessite des actions de proximité qui vont au-delà de celles offertes dans un hôpital. C’est pourquoi, dès le premier trimestre de 2024, nous procéderons au lancement du programme “FamilyHealth“, un programme intégré de médecine de famille adapté au contexte des pays de la région ouest africaine.
Je vous invite à vous engager à nos côtés afin de contribuer à donner le sourire à de milliers de femmes, de jeunes et d’hommes.
Je vous remercie !